Quelques mots sur ce que peut signifier "porter sa croix"

 

Cette expression biblique, sortant de la bouche même de Jésus, peut néanmoins avoir une connotation négative et n'est pas forcément toujours bien comprise. Je propose de partager ce que j'entends par là et ce que cela signifie pour moi.

Afin d'éviter d'avoir un article trop long, je me suis lancé dans une petite série de courts articles.

 

Après avoir vu dans l'article précédent combien il était indispensable de comprendre et d'entrer dans ce "mode de vie", je vais tenter ici d'aborder un peu plus l'aspect concret de la chose. En effet, lorsque Jean-Baptiste prêchait le baptême de repentance, il incitait les gens à produire des fruits dignes de la repentance. De la même façon, nous devons manifester concrètement cette mort à soi-même. On peut prier, chanter, crier que l'on renonce à nous-même et que l'on donne nos vies entières à Dieu, mais si cela n'est pas suivi d'actes qui le prouvent, ce ne sont que des mots !

 

Nous avons donc besoin de passer à l'acte. Mais concrètement, renoncer à quoi ?

 

Légalisme

 

Ayant conscience du risque que certains pensent que mes propos incitent au légalisme, je préfère tout de suite dire que ce n'est absolument pas le cas ! 

 

Le légalisme c'est essayer de faire les choses justes par ses propres forces, depuis la mauvaise source, sans réelle et profonde communion avec Dieu. D'un autre côté, si par peur du légalisme on ne manifeste pas dans nos actes les choses justes, alors notre foi est morte (Jc 2.26) !

 

Il nous faut donc commencer par le début : être connecté à la Source de Vie et d'Amour afin que nos actes soient des pas d'amour envers Celui qui nous a aimés le Premier !

 

Notre autonomie

 

Renoncer à soi-même est l'exact opposé du choix d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Nos plus lointains ancêtres ont décidé de choisir par eux-même et de définir ce qui était bien ou mal en fonction de leur propre jugement. Le résultat a été la mort étendue à toute l'humanité... 

 

Porter sa croix commence donc par cette prise de conscience que je ne suis pas capable de faire les bons choix par moi-même. Mes choix mènent à la mort ; je dois donc mourir pour que ma vie soit porteuse de la Vie !

Renoncer à soi-même c'est renoncer à son autonomie, c'est faire un choix de dépendance. C'est avoir l'humilité de reconnaître que nous ne savons pas et faire confiance à Celui qui sait toutes choses. C'est décider de ne plus diriger nos propres vies et faire comme Jésus : ne faire que ce que l'on voit le Père faire.

 

Continuer de diriger nous-même nos vies en espérant pouvoir y inclure un maximum Dieu ne fonctionnera JAMAIS !

 

L'amour du monde

 

Selon moi, porter sa croix c'est aussi vivre avec comme priorité absolue de chercher premièrement le royaume et la justice de Dieu (Jn 6.33) en gérant au mieux nos priorités et en optimisant notre temps, dans l'intérêt du Royaume ; le Saint-Esprit est un parfait conseiller pour cela !

 

Passer le plus clair de son temps dans une passion (quelle qu'elle soit) ou dans le divertissement (réseaux sociaux, films, jeux,...) prouve que nous aimons plus le monde que Dieu... On ne peut pas aimer le monde et aimer Dieu (1 Jn 2.15).

Et, je le répète, ce n'est pas du légalisme ! Evidemment cela devrait découler naturellement de notre relation d'amour avec le Père ; mais force est de constater que des fois cela ne coule pas forcément tout seul et il est facile de se laisser happer par ces stimulations extérieures. C'est à ce moment qu'un choix peut être fait : pas un choix légaliste mais un choix de foi ! Je ne pense pas que les 12 disciples de Jésus débordaient d'amour pour Lui tout au début, mais ils ont malgré tout fait ce pas de foi de TOUT laisser derrière eux et de Le suivre. Et même si c'était le cas, le long du chemin ils ont été plus d'une fois déstabilisés par les propos de leur maître ; mais quelle a été leur réponse lors du plus grand moment de tension ? "A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie !" (Jn 6.68).

 

Restons donc fermement attachés à Lui, peu importe nos circonstances, envies et humeurs du moment.

 

Le ressentiment

 

Les éléments abordés jusque-là sont souvent bien connus et on a en général un minimum conscience de ces choses. C'est probablement beaucoup moins le cas avec la rancœur, la colère, le manque de pardon, la blessure, le sentiment d'injustice, la tristesse, ... car on se justifie beaucoup plus de nos blessures et de nos souffrances : "regarde ce qu'il m'a fait !", "je ne mérite pas d'être traité comme ça !", ... En effet, la souffrance rend aveugle...

 

Pourtant ces choses sont inadmissibles et complètement hors-sujet dans la nouvelle création ! J'utilise volontairement un langage fort car je me rends compte à quel point j'ai sous-estimé cela dans ma vie et à quel point cela m'a bloqué dans ma marche avec Lui, étant obnubilé par ma blessure et ma souffrance.

 

La Vérité c'est que nous avons tout en Lui pour ne pas laisser s'installer ces sentiments et attitudes intérieures qui viennent du diable et qui nous détruisent. Nous n'avons pas le droit de les accueillir dans notre cœur car c'est un poison qui tue l'âme et l'esprit.

 

Si nous prenons conscience de cela et que nous y faisons face avec Lui, nous expérimenterons alors une réelle libération ! La libération de voir la réalité que notre vieil homme a été crucifié et enseveli ; toutes choses anciennes sont réellement passées !!!

 

Aujourd’hui, je comprends pleinement pourquoi Jésus a dit que si on veut être son disciple on doit renoncer à nous-même. En effet, tant qu'on maintient en vie notre vieille nature, il est impossible de Le refléter et d'être la Lumière du monde ! Lui aurait une bien meilleure justification que la nôtre pour être frustré, blessé et en colère : il a quand même été humilié, torturé et crucifié pour avoir été parfait !!! Pourtant, Il nous a aimé jusqu'à la mort sans rien dire !

 

Pour moi, ce point (fort ressentiment lié à la blessure, le manque de pardon, l'injustice,...) est le cœur même de la mort à soi-même, car cela touche non pas à notre extérieur mais à notre intérieur. Cela vient appuyer là où ça fait mal. Si on commence à envisager de renoncer à ces choses, on a l'impression qu'on nous arrache notre identité et qu'il ne restera plus rien de nous... Et dans un sens, c'est tout à fait juste ! Mais on ne voit pas qu'il s'agit du "vieux nous" et à quel point on y est attaché alors qu'il est bel et bien mort. A partir du moment où nos yeux se tournent vers ce que l'on va gagner plutôt que ce que l'on croit qu'on va perdre, nous n'hésiterons plus à renoncer à nous-même et porter notre croix ! En effet, la seule chose à laquelle nous devons renoncer c'est la vie pour laquelle nous n'avons pas été créés (une vie centrée sur nous, notre justice, nos choix) ! Et cela nous ouvrira la vraie Vie ; celle pour Laquelle nous avons été créés : l'Image de Dieu !

 

Renonçons donc à tous ces sentiments mensongers et destructeurs, laissant la vieille nature dans la tombe, et levons-nous en nouveauté de Vie, revêtant l'homme nouveau, afin de Le représenter dignement !

 

 

 

Dans le prochain article sur ce sujet, j'aborderai l'importance d'être actif et non passif. C'est une clé essentielle qui permet à la foi d'avoir un appui et donc de trouver sa force afin de nous libérer de nous-même, jour après jour !

Gloire à Dieu pour son Esprit qui vit en nous ! Puisse-t-Il prendre TOUTE la place ! Il le fera ; si nous Lui laissons !