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La déconstruction ou la repentance ?

Aujourd’hui je vais vous parler de quelque chose qui, quelque part, est vieux comme le monde. La tentation de déconstruire ce que Dieu a dit et établi. Sous apparence noble, cette séduction en a fait tomber plus d’un et continue de le faire. Car après tout, questionner nos croyances est-il mal ? Absolument pas, effectivement. Surtout quand on sait que la main de l’Homme s’est immiscée dans l’histoire. Le problème n’est donc pas de se poser des questions. La déconstruction à la base est une tentative d’analyse de nos convictions, acquis, etc. Toutefois, la tendance générale, et on le voit très clairement dans la société, n’est pas de déconstruire, d’analyser mais de détruire et surtout de détruire tout ce que Dieu a établi. Et si cela fonctionne très bien, même chez des chrétiens, c’est que souvent, ce mouvement vient pointer du doigt de vrais problèmes, de vraies questions ou met en exergue la fragilité de nos positions et convictions.

 

Cela fait très longtemps que je veux écrire sur ce sujet, mais je n’avais pas trouvé sous quel angle l’aborder. Il se trouve que j’ai une histoire personnelle et aussi que je vois pulluler bon nombre de contenus sur internet. Et puis à force de méditer dessus, de chercher la direction, elle s’est imposée à moi : Dieu nous alerte. Il cherche toujours à nous mener à la pleine stature de Christ, que ce soit individuellement ou en tant que Son Corps. Je crois qu’il veut nous sortir de ce statu quo dans lequel nous vivons depuis trop longtemps. Pour toujours plus Lui ressembler et Le laisser être la tête du Corps, il nous appelle à la repentance. Mais l’ennemi rôde et cherche à égarer sur un chemin qui pourrait ressembler à la repentance mais ne l’est absolument pas : la déconstruction. Alors nous sommes tous concernés, ne pas le discerner c’est soit s’égarer dans la déconstruction soit devenir ou rester tiède et potentiellement finir froid.

 

La tentation de la déconstruction

 

Le diable passe son temps à tenter de nous détourner du Père, de l’adoration de ce dernier, de l’union qu’il désire vivre avec nous. Alors il utilise toutes nos failles, nos fragilités pour le faire. Rien de nouveau.

 

Le légalisme est un moyen qu’il a toujours utilisé et beaucoup de chrétiens aujourd’hui peuvent témoigner du mal que cet esprit légaliste leur a fait. Eh bien, à l’extrême opposé du légalisme, il y a la déconstruction. « non, mais en fait Dieu n’a pas vraiment dit ça, il n’a pas vraiment voulu ça, en fait il est ok avec ça, si tu le ressens c’est qu’il t’a voulu ainsi ; nan, mais regarde Dieu est amour, forcément il est d’accord… » ou dans un autre style « Nan, mais en fait tu sais la Bible est mal traduite, en fait ce mot veut dire ça » (=et hop on bâtit toute une théologie sur ce seul mot) ; « non, mais en fait la Bible on en a pas vraiment besoin Dieu aime tout le monde, il y a de la vérité dans toutes les religions et spiritualités, tous les chemins mènent à Dieu car Dieu est partout en tout le monde. Non, mais en fait à quoi ça sert la Bible quand on peut aller directement à la source ? etc. ».

 

Bon clairement, je pourrai dire des quantités de choses sur tout ce que je viens de citer et qu’on trouve sur internet un peu partout dans le monde francophone ainsi qu’anglophone, mais ce n’est pas mon but. Toutes ces affirmations par contre, sont clairement le résultat de quelqu’un complètement influencé par cet esprit de déconstruction. Et ce qui est sournois, c’est qu’avec ces discours, il y a vraiment une capacité à enrober le tout dans « l’amour » et aussi un don d’exprimer les choses qui vous en impose et fait un effet « wow ». Et si vous n’êtes pas bien assis dans votre identité et votre foi, une brèche se crée et petit à petit, l’oiseau va faire son nid.

 

Mais alors, comment est-ce possible d’en arriver là ?

 

Le terreau des traumatismes et souffrances

 

Beaucoup trop de chrétiens errent et tentent de survivre avec de lourds fardeaux. Il y a énormément de souffrances, de blessures irrésolues. De questions identitaires qui ne trouvent pas de réponses ou de perspectives libératrices. Alors à force il est logique de commencer à se demander si tout ça en vaut la peine et s’il n’y aurait pas moyen de résoudre l’équation autrement. Cette quête de paix intérieure est telle qu’elle peut vous pousser très loin dans la remise en question ; et pas dans le bon sens. Ou alors quand des drames arrivent, tout un lot de questions peut venir, les circonstances nous tentent, elles veulent nous faire quitter des yeux Dieu et nous faire réinterpréter les choses.

 

Le terreau du chrétien qui a soif

 

De même, un chrétien frustré dans sa foi ayant soif de plus pourra aussi être tenté par cette voie. Attention, je ne dis pas que c’est un problème d’aspirer à plus, seulement il est nécessaire de veiller. Pourquoi ? Parce que quand vous vous dites « ce à quoi j’assiste, ce que je vois autour de moi, ce que je vis, ce n’est pas possible, je suis sûr qu’il y a plus, quand je lis la Bible je vois que la vie chrétienne devrait être différente », vous allez très probablement rentrer en quête du « pourquoi » et chercher des solutions. Et sur cette route, le diable va vous envoyer ses loups : des gens qui enseignent avec le vocabulaire chrétien, mais qui utilise un autre dictionnaire. Et si vous ne discernez pas, petit à petit, vous allez vous retrouver à proférer des choses complètement incompatibles avec l’Évangile, la Bible et tous les enseignements des apôtres. Pendant un temps vous justifierez avec la Bible, en la tordant, jouant sur les traduction ou omettant certains passages et puis à la fin, quand cette justification deviendra franchement impossible tant le fossé est grand, vous minimiserez l’importance et le rôle de la Bible et vous vous en débarrasserez.

 

En résumé, ces 2 catégories ont un terreau constitué de : une forte aspiration au changement, à plus de manifestations de Dieu dans leur vie, de vraies questions importantes, des besoins fondamentaux non comblés, des souffrances qui les débordent, le constat que des choses ne vont pas dans l’Église, etc.

 

Peut-on attaquer cela ? Peut-on jeter la pierre ? J’espère que votre réponse est non. Ou alors vous avez un petit problème avec le légalisme… !

 

Alors si ces questions et ces besoins sont légitimes et ne doivent pas être mis sous le tapis, qu’est-ce qu’on en fait ?

Le piège dans ces situations c’est de chercher la « vérité » et des solutions rapides à nos problèmes. Chercher par soi-même et ne pas laisser Dieu nous guider. Nous voulons obtenir des réponses, alors on se met en action, pourtant Dieu nous dit de Le chercher Lui et de s’abandonner à Sa direction. Lui, et seulement Lui nous conduira dans toute la vérité. La voie que Dieu propose est celle de la repentance. Quelque part, la repentance pourrait ressembler à la déconstruction puisque qui dit repentance, dit changement de mentalité, de direction, de logiciel. Toutefois, les deux sont radicalement différents car nous ne sommes absolument pas aux commandes de la repentance et de ce qu’elle produit. Elle génère une solidité intérieure, de l’humilité et une véritable transformation à l’image de Christ. La repentance commence toujours par reconnaître qu’on a rien compris, qu’on était dans l’illusion sur soi, qu’on y arrivera jamais sans Dieu, qu’on a éperdument besoin de Lui. Elle amène beaucoup de compassion pour autrui car on sait bien d’où nous-même nous venons. Là où la déconstruction est le fruit de l’homme (et de l’adversaire). Elle commence par moi qui raisonne et relativise les choses, moi qui me mets en quête de tout décortiquer, moi qui cherche, etc. Et chez une partie des gens concernée, pas tout le monde, elle génère souvent de l’orgueil, du mépris pour les autres et un détournement des voies de Dieu, de sa création. Dieu n’est plus le centre de nos vies mais nous en devenons le centre, et ce, même en parlant de Lui. Nous nous fabriquons un Dieu à notre image, et oui, comme les légalistes !

 

Alors, une fois qu’on fait ce constat, que fait-on ? Je crois que Dieu a un message, et pour ceux qui se sont égarés et pour les autres car oui, je crois que nous avons tous une responsabilité dans l’histoire.

 

L’appel

 

Pour ceux qui ont choisi la déconstruction

 

Dieu connaît vos aspirations, il connaît votre histoire, il connaît vos souffrances, les abus subis, les moult tentatives de changer, de « faire bien », votre douleur liée à l’épuisement de toutes ces stratégies de vous sauver, de vous changer, de changer les circonstances. Il connaît votre sincérité, votre aspiration au bon, à Le suivre. Il vous aime, ça n’a jamais changé. Mais dans cet endroit de profonde détresse, où le shift s’est opéré, où vous vous êtes ouvert à la séduction de l’ennemi, une autre voie était possible : la repentance. Car oui, il y a bel et bien quelque chose qui n’allait pas, c’était normal de ne pas comprendre, vos circonstances, vos ressentis profonds. Dieu vous propose aujourd’hui et continuera de le faire, de le laisser vous ramener à cet endroit, et cette fois de Le laisser vous prendre la main et opérer Sa réforme en vous et pas quelqu’un ou quelque chose d’autre. Vous allez pleurer sur votre égarement, mais vous allez surtout pleurer de son immense compassion pour vous et de la joie d’enfin trouver le seul et vrai chemin de la liberté. Et vous verrez, vous n’aurez plus besoin de rejeter ou tordre la Bible pour avoir la conscience tranquille, tout va prendre sens. Vous aurez une sécurité intérieure indescriptible et vous pourrez enfin vivre cette vraie vie avec Christ à laquelle vous aspiriez et que vous lisiez dans la Bible. Vous pourrez à votre tour libérer les captifs et vous réjouir avec Lui de cette œuvre magnifique qu’il a faite et qu’il multiplie partout. Vous n’aurez enfin plus jamais soif et faim, malgré le continuel processus d’apprentissage en Lui, vous serez toujours rassasié.

 

Pour les autres, ceux qui n’ont pas emprunté cette voie :

 

L’Église est censée être une mère. Prendre soin de ses petits devrait être sa première mission. Et bien qu’il soit normal que tout ne soit pas parfait, qu’il y ait aussi des gens qui s’approchent, mais qui finalement fassent demi-tour ou des gens pour qui on ne pouvait rien faire dans tous les cas, il y a tout de même une part de responsabilité.

 

Tous ces profils de personnes qui ont fini sur le chemin de la déconstruction peuvent mettre mal à l’aise, faire peur, ébranler notre sécurité, car ils nous mettent face à nos limites, là où on en est vraiment avec Dieu en tant qu’individu, mais aussi en tant que communauté et là où on n’en est clairement pas ! Bien sûr parfois les intentions sont mauvaises mais c’est loin d’être toujours le cas et il est trop facile de toujours dire « attaque de l’ennemi », « loup ravisseur » à quiconque vient questionner le statu quo ! Ou encore « ah bah ce sont les temps de la fin, c’est comme ça on y peut rien ».

 

Pourtant, si nous discernions, nous pourrions réaliser que parfois (ou souvent), ce sont des révélateurs, des perches tendues par Dieu. Oui parfois la communication peut-être maladroite voire choquante, mais si nos craintes ou notre ego ne rentrait pas dans l’équation nous pourrions admettre. En les rejetant ou les délaissant simplement se débattre avec leurs problèmes ou leur assénant des discours qui n’aident pas, nous aurions dû admettre : « seigneur, comment se fait-il que nous soyons sans puissance pour libérer ce frère cette sœur ? Seigneur, ces questions soulevées sont véritables, en fait moi-même je ne sais pas répondre et cela me fait peur. Mais toi Seigneur, tu as toutes les réponses je m’attends à toi ». Nous pourrions aussi être vulnérables avec ces personnes en leur disant nos limites, mais notre désir de les accompagner sur leur chemin malgré tout, car assurément Dieu a des réponses.

 

Et nous pourrions persévérer, ne pas chercher à trouver des solutions humaines (même sous apparences spirituelles), mais nous attendre à Dieu, laisser Jésus être la tête. Et peut-être sur ce chemin nous pourrions réaliser combien nous avons dépouillé l’Évangile de sa puissance en le mettant sous cloche. Nous aurions peut-être réalisé que nous avons surtout adhéré à des théologies sans jamais ou si peu les vivre ! Voilà pourquoi aussi Satan arrive autant à séduire ! Tout ce que nous professons peut-être très beau, mais si nous ne vivons qu’à peine le quart, il est presque logique que certains cherchent ailleurs des réponses. Je suis née dans l’Église, j’ai grandi dans une famille chrétienne avec une foi vivante, j’ai vécu des expériences fortes avec le Père, je connaissais beaucoup de choses de la Bible, pourtant, il aura fallu attendre la trentaine pour découvrir ce qu’est la marche par l’Esprit, ce que signifie vraiment l’Évangile dans mon quotidien, sur qui je suis et la fondamentale vérité de ce qu’a dit Jésus en Luc 9 v 23 « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge [chaque jour] de sa croix et qu’il me suive ». Il y a bien sûr ma part personnelle de responsabilité, mais comment vous dire… je ne suis tristement pas une rareté dans le paysage, ce serait même plutôt l’inverse ; et c’est grave !

 

Certains pourraient croire que je critique bêtement, méchamment l’Église, mais si vous saviez combien je m’inclus dedans ! Et si vous saviez combien j’aime l’Église, le Corps de Christ ! Cet appel que je partage me concerne aussi. Il est un appel à la repentance, à accepter que nous sommes appelés à bien plus, que la vie avec Christ produit quelque chose d’impossible à l’Homme. Les critères divins sont bien supérieurs ! C’est un appel à ne pas se contenter de ce que nous avons, car cela a des conséquences pour nous, mais aussi pour nos frères et nos sœurs. Il serait facile de tomber dans la critique ou la lamentation de ceux qui seraient tombés sans nous regarder nous-mêmes. Nous devons ensemble, nous laisser tirer vers le haut, vers notre Père. Laisser son Esprit être le ciment qui nous unit, nous ses pierres vivantes et que Sa sainteté soit nôtre, dans le sens manifesté, et Son amour soit la seule chose que nous connaissions et que tout vienne de Lui.

 

Oui c’est un chemin coûteux, car il coûte toute notre vie, nous perdrons des relations, nos fausses sécurités, des choses auxquelles nous tenons. Nous ne serons plus maîtres de nos vies, nous n’aurons plus rien à quoi nous accrocher humainement et ce processus crée des remous avec notre chair. Pourtant, dans ce processus, nous découvrons le plus grand trésor. Très vite nous nous disons « oh si j’avais su, j’aurais lâché depuis longtemps ! » Nous découvrons la joie et le bonheur de la SEULE et VRAIE sécurité, celle qui appartient aux enfants de Dieu : demeurer en Lui et ne jamais Le quitter, qu’importe les circonstances. Nous verrons enfin la puissance de L’Évangile en action dans la vie de notre prochain, plus quelquefois par-ci par-là, mais souvent ; car le but est la multiplication ! La multiplication de l’image du Père, que le Royaume se répande ainsi et que le Fils vienne couronner cette réalité pour l’amener à son terme.

 

Alors, qui veut se tenir à genoux devant le Père et le laisser l’amener dans la repentance ? Celui qui a perçu la puissante liberté qu’il y a derrière.

 

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